vendredi 14 octobre 2016

Sécu : Indispensable et possible

La protection sociale, c’est à dire la prise en charge solidaire des grands risques de la vie, figure en bonne place au sein de ce que l’on appelle le « modèle social » français. La Sécurité Sociale en est le fleuron. Connue de tous, elle s’est installée dans le quotidien de nos concitoyens qui bénéficient de ses prestations en matière de maladie, de famille ou de retraite.

Ses difficultés comptables depuis des années - le fameux « trou de la Sécu » - alimentent la chronique. Il constitue un argument central pour certains, du passage à un autre modèle, celui des assurances privées où chacun serait couvert non pas selon ses besoins, mais selon ses capacités financières.

Comme revendiquer ouvertement l’injustice n'est pas très porteur dans un pays où les valeurs républicaines sont fortes, l’argumentation de ces zélateurs est plus subtile : la Sécurité Sociale ne disparaîtrait pas mais sa couverture collective serait réduite à un panier minimum, les capacités financières personnelles devant ensuite prendre le relais.

C’est ce que cachent les propositions de baisses massives et non compensées des cotisations avancées par certains candidats à  présidentielle. C’est aussi ce à quoi reviendrait l'idée du Front National de réserver le bénéfice des prestations aux seuls Français. Le financement du système serait aussi réduit aux seuls Français entraînant une baisse mécanique de ses capacités financières et donc de son taux de couverture des risques.    

Face à ces tentatives multiformes de remise en cause de la solidarité des assurés sociaux, les résultats publiés par la commission des comptes de la Sécurité Sociale sont un démenti cinglant. Leur solde est passé de 17,5 milliards en 20l2 à 7,l milliards en 20l6.

Dans ce cadre, le déficit du régime général sera ramené à un quasi-équilibre en 20l7. Les trois branches de la Sécurité Sociale bénéficient de cette amélioration, et notamment la branche "Vieillesse", ce qui invalide l’idée d’une urgence à réformer à nouveau les retraites. Ce résultat est d’autant plus remarquable que, s’il a été obtenu au prix d’efforts difficiles, il a maintenu globalement les droits des assurés sociaux.

Voilà donc ces détracteurs démentis par les  faits : Oui, il est possible de conserver en France un haut niveau de protection sociale basé sur la solidarité. C’est non seulement indispensable au regard des valeurs de notre République, c’est aussi comptablement possible.


Edito de Luc Bérille paru dans Unsa Magazine de Septembre 2016

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